Amateur de train, ferrovipathe, ou artiste du "Xème Art"?

 

 

Elever un simple jouet, le train électrique, au rang d’art au même titre que l’architecture (1er Art) et la bande dessinée (9ème Art) peut paraître un peu présomptueux, d’autant plus qu’en France le « modélisme ferroviaire », plus communément appelé « petit train » ou « train électrique » ne fait pas sérieux. L’image d’un cercle de rails sur lequel roule un train dont la motrice touche quasiment le wagon de queue a la peau dure. La photo ci-contre illustre parfaitement l’idée que se fait généralement le béotien (terme un peu plus respectueux que « gugusse lambda ») de notre « hobby »... 

Et pourtant, la réalité est fort éloignée de cette « image d’Epinal ». Le train c’est du sérieux et une simple locomotive peut coûter plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d’euros (si si, je vous assure que c’est vrai). De nos jours les « machines » sont de véritables bijoux de technologie capables de rouler indépendamment les unes des autres sur la même voie, fumant, sifflant à volonté, faisant entendre jusqu’au grincement des freins préalable à l’arrêt du convoi. Les voitures voyageurs ne sont pas en reste avec des feux de fin de convoi, des lumières qui s’allument et s’éteignent comme si de vrais voyageurs les occupaient. Dans les triages, les gares, et les embranchements particuliers, les wagons possèdent des attelages automatiques, parfois commandés électriquement permettant toutes sortes de manœuvres.

Mais où est l’art dans tout ça ? Et pourquoi le modélisme ferroviaire serait-il plus « le dixième art » que les autres formes de modélisme (modélisme naval, aéromodélisme, maquettisme militaire ou civil) ?

Tout simplement parce que le modélisme ferroviaire se distingue des autres formes de modélisme du fait que le train ne se suffit pas à lui-même comme le bateau ou l’avion. Contrairement au maquettisme, par essence statique, le modélisme ferroviaire est une sorte de « maquettisme dynamique » dont « les acteurs » (les trains) entrent sur « la scène » (le réseau ou le diorama), jouent leur rôle, puis s’en vont vers un « ailleurs imaginaire » (souvent une ou plusieurs coulisses) comme dans une pièce de théâtre (6ème Art dans la « classification officielle »).

Mais le modélisme ferroviaire ne s’arrête pas là, car le train a besoin d’un environnement pour rouler : les rails pour la partie « technique » et le décor pour la partie « esthétique ». Et là le modéliste doit faire preuve de beaucoup d’imagination car, si le train en lui-même est la reproduction aussi fidèle que possible de la réalité, le respect de son environnement réel réduit strictement à la même échelle l’obligerait à construire un réseau de plusieurs centaines de mètres (et encore pour des installations plutôt modestes). Or pour que le train miniature évolue dans un environnement plausible, il faut tricher, utiliser des artifices comme les perspectives forcées, les diviseurs scéniques, un éclairage adapté, et j’en passe. On se rapproche là des arts visuels comme la peinture et le dessin (regroupés dans le « 3ème Art »). Qui dit paysage (décor), dit souvent relief. On touche là à la sculpture et à la gravure (2ème Art). On voit même des micro-caméras embarquées, mais je n’irai pas jusqu’à évoquer le 7ème Art.

Quoi que...

Certaines vidéos issues de réseaux d’amateurs comme Renaud Yver avec sa gare de Luzy (photo ci-dessous) reproduite au 1/87e,, échelle HO pour les intimes (lien Youtube : Promenade à Luzy en camera embarquée - YouTube ), n’ont rien à envier à celle des frères Lumière montrant l’arrivée d’un train à la Ciotat vers 1895 (lien Youtube : L'Arrivée D'un Train En Gare De La Ciotat (1895) - YouTube).

 

 

 

 

Depuis les années 1980, le modélisme ferroviaire passe, en France, du jouet à « l’œuvre d’art » avec le « modélisme d’atmosphère ». Le but n’est plus de reproduire la réalité à l’échelle, chose impossible, mais de « rendre l’atmosphère réelle » (photo ci-contre tirée du catalogue Jouef® 1981 montrant la "chapelle savoyarde" en situation).

 

 

 

 

Puisque nous parlons des Alpes, prenons par exemple d’une toute petite ligne secondaire à voie métrique (écartement des rails de 1 m, soit environ 12 mm en HO) : le Tramway du Mont Blanc (TMB). En « modélisme ferroviaire classique » le réseau serait haut de 20,60 m (dénivelé de la ligne réelle : 1 792 m) à condition de ne pas évoquer le ciel. La reproduction de la ligne entière à l’échelle 1/87e (12,4 Km) nécessiterait une longueur minimale de 142,5 m ! Impensable pour le budget d’un modéliste même fortuné…

C’est ici que la notion « d’art » prend tout son sens. En effet, il y a sur la ligne réelle des endroits où le tramway est invisible (tunnels, sous-bois), d’autres où la ligne ne fait rien d’autre que de serpenter entre les rochers sur plusieurs kilomètres (1 Km = 11,49 m en HO). Le but n’est plus de reproduire stricto-sensu le TMB, mais d’en faire « une évocation » réaliste si possible. Et là, sur 1m ou 2, il devient possible d’interpréter la réalité pour la rendre vivante et attractive. On peut même se permettre certaines entorses à la réalité en mettant la chapelle savoyarde illustrée ci-dessus à proximité de la ligne…

C’est le fameux « modélisme d’atmosphère » initié par des modélistes talentueux comme Clive Lamming, Alain Pras, Jacques Le Plat, et je demande à tous les autres (et ils sont nombreux!) de m’excuser car leurs noms ne me sont pas venus à l’esprit lors de la rédaction de cet article…

 

Le 10ème Art, c’est aussi l’art de détourner les objets ou les matières pour obtenir l’effet souhaité. Ainsi, toujours dans le catalogue Jouef® 1981, l’eau qui semble couler de la « grue à eau » pour remplir le tender n’est autre qu’un filet de colle universelle (Limpidol® ou Scotch®). Au premier plan une locomotive a sa porte de boîte à fumée ouverte. Une légère « patine » (lavis de différentes couleurs) permet de rendre la vision de locomotives (toutes de marque Jouef®) en "tenue de service".

Bref avec trois bouts de rails, quelques allumettes peintes et des couleurs « réalistes » on crée toute une ambiance alors que la reproduction du moindre dépôt prendrait plusieurs mètres à l’échelle.

Bien sûr, comme dans n’importe quel domaine artistique, on s’exprime à travers le modélisme ferroviaire, on fait aussi passer des messages, on refait le monde, son monde, un monde uchronique, tel qu’il pourrait être, ou aurait pu être dans la réalité.

Pour conclure, sachez que le « petit train », le modélisme ferroviaire, crée de l’emploi un peu partout dans le monde, que ce soit chez les fabricants industriels ou les artisans. Il existe de nombreuses associations et même un organisme de normalisation sur le plan européen, le MOROP, qui édite les Normes Européennes de Modélisme (NEM) sans lesquelles les trains des différents fabricants, y compris les amateurs qui construisent leur propre matériel, ne seraient pas compatibles entre eux.

 

 

 

Alors abandonnez définitivement l’idée du « petit-train-qui-tourne-en-rond » et amusez-vous par exemple à redonner vie à la gare (toujours debout) de Saussay-Saint-Martin (anciennement Saussay-Yerville), à ressusciter le « tortillard » qui desservait Tôtes, à finaliser le Trans-Saharien toujours inachevé, à créer tout simplement votre propre compagnie de chemins de fer, ou, comme sur la photo ci-contre, à construire un réseau évoquant une desserte industrielle sur une (toute) petite surface trapézoïdale de 80 cm x 60 cm x 40 cm.

 

 

 

 

 

 

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Je parle, dans les "Rubriques", de mes réalisations, bien sûr, de mes matériels, évidemment, mais aussi de tous les "trucs et astuces" que j'ai pu glaner ici où là ainsi que mes "recettes personnelles (rubrique "Comment faire ?").

N'ayant pas la science infuse, je serai ravi d'échanger avec vous et, pourquoi pas, promouvoir votre site ou votre blog dans la rubrique "liens".

 

Il y a deux choses qui me tiennent à cœur et sur lesquelles je suis particulièrement attentif. Ce sont des propos mesurés, et des textes correctement orthographiés.

Non seulement c'est une question de clarté, mais aussi de respect :

[vwajekɔ̃bjɛilɛdifisildədeʃifʁesəʒɑ̃ʁdətɛkst] (traduction : Voyez combien il est difficile de déchiffrer ce genre de texte) ...

Bon, d'accord j'exagère un peu, mais à peine quand l'utilisation du "langage SMS" prime sur le français !

De vous à moi, je ne suis pas une lumière en orthographe, mais il me semble que la moindre des politesses est de vous proposer le mieux que je puisse faire (quitte à utiliser un correcteur orthographique).

Bonne visite !